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Discours du président de SUdF lors de l'ouverture du Congrès Urgences 2017

Publié le 31/05/2017
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Madame la Ministre, Messieurs les Présidents et amis, chers collègues, chers amis ...

Permettez-moi tout d’abord, Madame la Ministre, de joindre mes remerciements à ceux du président de la SFMU. Votre venue à notre congrès national est un signe fort à l’intention des professionnels des urgences et l’honneur que vous nous faites présage, j’en suis sûr, d’échanges constructifs à venir.

J’aimerais, Madame la Ministre, pouvoir vous assurer que les professionnels, présents dans cette salle mais aussi en cet instant même auprès des patients, sont sereins ... Ce n’est malheureusement pas le cas !

Les risques d’attentats qui pèsent sur notre pays ont mobilisé et mobilisent quotidiennement les urgentistes, tant dans la préparation des prises en charges pré-hospitalières que dans le refonte, indispensable, des plans blancs hospitaliers : la mise en place de filières de soins adaptées, « du pied de l’arbre au lit de réanimation » comme le disait le Professeur LARENG, a toujours été et reste notre compétence exclusive, au quotidien comme en cas de Situation Sanitaire Exceptionnelle. Cette compétence médicale, largement reconnue par nos partenaires de la sécurité et des secours, doit maintenant être officialisée et gravée dans le marbre.

L’hiver dernier a été, et je pèse mes mots, terrible pour nos structures de médecine d’urgence ! Et pourtant, une année encore, nous avons tenu cette « première ligne de défense » que représentent nos Samu-Centre 15, nos Smur et nos services d’urgence ...

  • Terrible, car nous avons fait face à une surcharge d’activité, mais pouvons-nous encore parler de surcharge quand nos services débordent tous les jours ?
  • Terrible, car nous avons dû prendre en charge nos concitoyens, nos patients, dans des conditions inacceptables en regard de la qualité et de la sécurité des soins.

Cet hiver a laissé des traces que la période, normalement plus calme du printemps n’a pas pu effacer :

  • Les équipes sont épuisées physiquement face à cette activité croissante et des effectifs de moins en moins adaptés aux besoins. Sur ce dernier point, la contrainte imposée à l’hôpital public de l’augmentation maximale de « 1% de la masse salariale » entraine un gel général des recrutements et pèse particulièrement sur nos urgences, alors même que notre activité continue à augmenter de 4% par an.
  • Les équipes sont aussi, et c’est sûrement plus grave, épuisées psychologiquement devant la négligence de nos administrations hospitalières et le lot de promesses non tenues. Je parle ici, Madame la Ministre, de l’aval des urgences, toujours saturé et responsable, nous le disons depuis 2013, d’une augmentation inacceptable de la morbi-mortalité.

Ce n’est pas dans mon caractère, dans notre caractère, de nous plaindre mais si nos concitoyens ont besoins de nous, nous avons, nous, besoin de vous Madame la Ministre !

Nous voulons croire et espérer en l’élan d’optimisme et de renouveau qui souffle sur notre pays c’est pourquoi nous vous proposons, Madame la Ministre, de regarder vers l’avenir et de bousculer les vieilles habitudes pour construire, ensembles, la médecine d’urgence de demain. De nombreux chantiers doivent être entrepris mais, si vous le permettez, j’insisterais sur deux axes forts de progrès ...

  1. La régulation médicale est la clef de voûte de la réponse aux demandes de soins urgents et non programmés. Actuellement réalisée au sein de l’hôpital public par les Samu, nous vous proposons de mettre en place la « régulation médicale 3.0 » au sein de plateformes de régulation médicale Samu-Santé, véritables chefs d’orchestre de l’organisation des soins urgents à l’échelle d’un territoire de santé. Capables de traiter tous les flux d’appels (vocaux, vidéo, data ...) ces plateformes, construites sur la base des Samu-Centre 15 existants, informatisées grâce au programme SI-Samu porté par votre ministère et l’ASIP-santé, seront interconnectées et offriront, à chaque patient, le parcours de soins adapté à son état. « Avant de vous déplacer, appelez ! » est le message que nous devrions porter avec, derrière, un seul numéro de téléphone pour toutes les « urgences santé » qu’elles relèvent de l’Aide Médicale Urgente ou de la permanence ou mieux de la continuité des soins.
  2. Résoudre le problème de l’aval des urgences ne doit plus être laissé à la seule initiative des établissements. Une politique nationale en ce sens doit être élaborée et débutée avant l’hiver prochain ... Elle pourra bien sûr se baser sur les solutions proposées il y a bientôt 4 ans par le CNUH mais des actions de fond doivent rapidement entreprises. Il y a urgence, Madame la Ministre, c’est pourquoi nous vous proposons ce paradigme : « plus aucun patient ne doit passer la nuit sur un brancard des urgences faute de lit d’hospitalisation ». Cela semble impossible mais, comme l’aurait dit l’un de nos plus jeunes chefs d’État, « impossible n’est pas français ! ».

Les Urgentistes seront comme toujours, soyez en sûre Madame la Ministre, à vos côtés dans les jours, les mois et j’espère les années à venir, pour

  • Améliorer la qualité et la sécurité des soins en urgences,
  • Faire enfin entrer nos services dans le 21ème siècle,
  • Et lutter contre toutes les formes de souffrance au travail dont le manque d’effectifs en est une des causes essentielles.

Nous sommes impatients de travailler avec vous. Merci encore, Madame la Ministre, de votre venue et à très bientôt ... 

Docteur François BRAUN
Président de Samu-Urgences de France

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