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Evaluation rétrospective des actions d’appui a la mise en place de Samu (1993 - 2002)

Publié le 30/12/2004
Tags : Exercice Pro Action internationale Document
Auteurs : Jean – Paul DUPINAY, Bruno BOUVET, Gwenael DHAENE

SYNTHESE

Les SAMU

Les SAMU, services d’aide médicale urgente, sont des structures départementales hospitalières réalisant une écoute médicale permanente et fournissant une réponse médicalisée aux appels de détresse mettant en jeu le pronostic vital, par l’entremise des SMUR.

Les SMUR, services mobiles d’urgence et de réanimation, composent des unités d’intervention mobiles, dépendantes des SAMU, et correspondant à une équipe médicalisée utilisant les véhicules les plus divers (véhicule médicalisé rapide, ambulance de réanimation, hélicoptère, avion).  Les SMUR constituent par conséquent un ensemble de moyens de médicalisation de secours et de transport placés sous l’autorité des SAMU.

Le SAMU est par conséquent un mode d’organisation de la médecine d’urgence pré-hospitalière, qui engage la présence d’un médecin à tous les niveaux de la prise en charge du patient.  Le SAMU repose sur un dispositif de régulation puis d’intervention médicalisé.

Champ de l’évaluation

L'expertise originale de la France dans le domaine de l'organisation de la médecine d'urgence pré-hospitalière, qui engage la présence d'un médecin à tous les niveaux de la prise en charge reposant sur un dispositif de régulation performant, a conduit ses principaux concepteurs et acteurs à essaimer leur savoir-faire dans différents pays étrangers.

Le nombre des actions réalisées et/ou en cours, et l'intérêt croissant que suscite l'organisation spécifique française ont conduit la Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement du ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Santé à engager conjointement une évaluation rétrospective des missions d'appui à la mise en place de SAMU dans les pays partenaires, sur la période allant de 1993 à 2002.

Le but de cette évaluation, confiée à la Société IRIS Conseil Santé après mise en concurrence, est de retracer l'histoire récente de cette coopération, d'en dresser le bilan et d'en tirer des enseignements pour de futures actions. Elle ne concerne pas les actions d'urgence de type médecine de catastrophe ou post-conflits, pas plus que les actions de type « SAMU social ».

Conclusions

Les conclusions qui se dégagent de la mission permettent de décliner ainsi les actions d'appui à la mise en place des SAMU de 1993 à 2002:
  • une pertinence généralement attestée, les actions d’appui correspondant à des besoins exprimés par les Autorités ou des personnels de santé des pays qui en ont bénéficié, et auxquels le modèle français répondait ;
  • une cohérence souvent vérifiée, la mise en œuvre de ce modèle et le dispositif d’aide apporté correspondant aux besoins identifiés et étant modulé en fonction des moyens des pays bénéficiaires ;
  • une effectivité peu visible, l’ingénierie et le suivi des projets semblant souvent inexistants. De manière générale, seuls les projets FAC puis FSP permettent de vérifier la matérialité des actions et leur coût induit.  La plupart des actions d'appui à la mise en place de SAMU demeurent informelles, les coûts des missions inconnus, les rapports des experts indisponibles ou non produits ;
  • une efficience inégale, au regard des coûts visibles ou cachés liés aux modalités de mobilisation des moyens mis en œuvre pour réaliser les actions d’appui ;
  • une efficacité globalement confirmée, les actions d’appui ayant permis la création ou le renforcement de structures SAMU viables, reprenant les caractéristiques du modèle français ;
  • un impact politique certain mais des retombées économiques inexistantes, le modèle français et l’expertise particulière des praticiens bénéficiant d’une réelle notoriété.  Cette visibilité n’a pourtant pas permis de générer des partenariats économiques intéressants et n’a pas suscité de soutien suffisant aux entreprises françaises et européennes ;
  • une viabilité conditionnelle, les actions d'appui à la mise en place de SAMU ayant servi à soutenir une organisation de type SAMU qui ne bénéficie pas toujours du soutien financier / technique / d’équipements / d’enseignements nécessaires pour fonctionner de manière satisfaisante.
Les conclusions tirées de cette évaluation sont à l'évidence encourageantes, même si la réalisation de ces missions d'appui voulues par les pays partenaires n'est pas toujours empreinte de la rigueur et de la méthode qu'il serait souhaitable d'attendre dans le cadre de l'usage de fonds publics.

Recommandations

Pour permettre une poursuite de la politique de coopération dans un domaine où la France possède une réelle spécificité, le consultant est donc conduit à formuler un certain nombre de recommandations, dont les principales sont les suivantes:
  • une mission d'appui à la mise en place d'un SAMU doit se situer dans le cadre d'un schéma de développement organisationnel et scientifique cohérent et unique pour toutes les demandes de coopération formulées par les pays partenaires, garant du respect à la fois par les intervenants et par l'administration du respect de ces règles de cohérence ;
  • une mission d'appui à la mise en place d'un SAMU doit susciter une demande précise, écrite, d’un pays partenaire sollicitant l’expertise française. Cette demande doit prendre en compte les données intrinsèques du pays: système de santé, organisation politique et administrative de la santé, infrastructures, moyens humains. Elle doit enfin être adressée au ministère des Affaires étrangères, chargé ainsi de la coordination et de l'homogénéité des projets en lien étroit avec le ministère de la Santé ;
  • une mission d’appui à la mise en place d’un SAMU doit suivre un circuit d’information précis et structuré, et implique à ce titre la transmission de la demande d’appui à un coordonnateur national auprès du ministère des Affaires étrangères et le relais au niveau du pays bénéficiaire d’un point focal ou coordinateur local, représentant ce pays ;
  • afin d'assurer une efficience et une efficacité optimales, il importe que ces missions d'appui soient menées selon une logique d'ingénierie de projet, et que l'administration, à l'échelon central comme à l'échelon déconcentré, en assure un suivi strict, tant sur le plan méthodologique que financier, à tous les stades de leur développement, et une fois ces missions réalisées et le projet opérationnel ;
  • il convient enfin de prendre en compte dans tous les projets d'appui à la mise en place de SAMU, où la composante infrastructures et équipements est essentielle à leur réussite, des modalités de concertation avec les autres acteurs de la coopération dans ce domaine (ministère de l'Économie, des Finances et de l’Industrie, Postes d'expansion économique).
IRIS Conseil Santé

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